Conférence de Gérald Bronner - Développer son esprit critique face à la désinformation (4)
Lien vers la vidéo de la 4ème conférence de Gérald Bronner à la Sorbonne.
Il débute sa conférence en citant une étude qui montre que plus on est diplômé
- moins on diffuse de fausses informations
- mais plus on a confiance dans nos évaluations. Or il est plus facile de revenir sur nos erreurs si nous ne sommes pas en surconfiance.
L’esprit critique ce n’est pas douter de tout. C’est n’est pas tant une question d’intelligence que de méthode.
Il aborde à nouveau quelques biais.
Quand nous manions des probabilités, nous sommes mal équipés pour les appréhender les extrêmes. Nous surestimons les probabilités faibles (de 10 à 15 fois), et sous estimons les probabilités fortes. Cela pose des problèmes quand par exemple des médias couvrent beaucoup plus des maladies aux probabilités très faibles mais spectaculaires. Cela nous impacte beaucoup plus que cela le devrait. Et cela peut aussi influencer l’argent que va recevoir la recherche, par les dons mais aussi par l’argent public. Il donne l’exemple rare de cas de vaccinations avec des effets secondaires graves.
Il évoque d’autres biais comme le biais d’échantillonnage, le biais du survivant, l’aversion à la perte.
Puis il présente quelques techniques pour éviter de sombrer dans l’irrationnel. Il précise que l’on ne déradicalise pas autrui. Mais il ne faut ne surtout pas rompre le lien. On fait plutôt un travail de reconstruction de la rationalité en posant des questions. Sinon on prend le risque d’enfermer encore plus la personne.
On peut se déradicaliser soi-même.
- “Pédagogie de l’erreur”. Connaître tout ce qui peut tromper le cerveau. Les biais cognitifs, motivationnels. Enseigner au plus tôt, aux enfants notamment, afin de s’immuniser intellectuellement.
- Changer le cadre. La façon de présenter les informations est importante. Il faut prendre en compte les biais dans notre communication.
- Allumer des contre feux (ou aussi appeler “pré-bunking”). Comme dévoiler au plus tôt les termes d’une croyance, son véritable but. Car souvent les approches sectaires sont très graduelles. Elles nous font monter les marches d’un escalier de croyances une à une. Et nous ne nous rendons donc pas compte que l’on est de plus en plus en train de sombrer. Mais si on montre au plus tôt le haut de l’escalier, ce que la croyance cache dans son intégralité, alors il nous est plus facile de se rendre compte du décalage. Et donc de l’irrationalité.
- Le rétrojugement. Amener l’autre à revoir son jugement en modifiant les conditions de l’énoncé pour qu’il puisse le voir sous un autre angle.