Retours sur ma lecture de "votre temps est infini" de fabien olicard
Je vous propose un retour sur ma lecture du livre “Votre temps est infini” de Fabien Olicard. Je suis tombé il y a peu sur sa chaîne Youtube que j’ai trouvée divertissante. Cela m’a amené à prendre connaissance de ses livres. Notamment deux, “mémoire, vous avez le pouvoir” et “votre temps est infini”. Deux problématiques qui me sont chères. Elles sont fortement liées à mes besoins et désirs d’apprentissage, et d’apprentissage sur l’apprentissage.
J’ai donc décidé de commencer par le livre sur la gestion de son temps. Et si vous aussi vous aimeriez avoir plus la main sur votre temps, sa quantité et son usage, alors suivez-moi pour avoir une idée de ce que vous y trouverez.
Source - Aliciane, DeviantArt
Le livre est écrit d’un style direct, (très) simple. L’auteur partage son expérience personnelle. Vous n’allez pas trouver des références à des études scientifiques, ni même des références à d’autres sources, ou très peu. Les sections sont courtes, avec une phrase de synthèse à chaque fois. Je le vois un peu comme un livre de recettes. De nombreux leviers d’amélioration de la gestion du temps sont abordés. Certains m’ont parlé et m’ont fait prendre du recul. Le livre se lisant vite (par sa simplicité de fond et de forme), tout ce qui ne me parlait pas, ou au contraire me paraissait évident ne m’ont pas dérangé. Il me parait impossible dans ce genre de livre d’être intéressé par tout. Comme dans un livre de cuisine, on y pioche les recettes qui nous parlent, et on s’en sert pour faire évoluer nos propres recettes.
L’idée générale que j’en retiens est la recherche de la maîtrise de son temps, de ne plus subir mais de choisir. Optimiser son temps, et mieux décider de son usage, pour au final avoir un temps mieux occupé, et plus de temps disponible pour faire plus de choses. On pourrait avoir l’impression au premier abord que c’est une invitation à la suractivité et un billet assuré pour un burn out, mais je ne pense pas. Car derrière cette meilleure gestion se cache une possibilité de vraiment choisir ce que l’on veut faire de notre temps, en subissant moins. Donc cela sera intéressant pour le travail, mais aussi pour notre temps personnel, et le temps que vous prenez pour vous (avoir par exemple du temps pour flâner sans culpabilité). C’est aussi il me semble une invitation à sortir de sa zone de confort, pour tenter plus de choses, plus apprendre, plus créer, plus réfléchir.
Vous y trouverez différentes propositions sur l’organisation de vos tâches :
- commencer par les tâches difficiles dès le matin.
- timeboxer ses tâches pour éviter qu’elles ne s’étalent, et viser plutôt des actions courtes, quitte à planifier à nouveau la tâche.
- faire des pomodori, soit des alternances de temps d’activité et temps de pause (varier la durée de la phase active selon la difficulté de la tâche).
- s’outiller avec un agenda, des listes, et éventuellement un bullet journal.
Prise de décision
La partie qui m’a peut-être le plus intéressée est sur la prise de décision. Pour pouvoir décider il faut être au clair sur ses critères. On passe la décision à prendre dans une sorte de moulinette, de succession de filtres ou de tamis. L’invitation à se poser pour réfléchir à ses priorités, ses buts, ce qui compte pour nous, m’a permis de mettre tout ça par écrit et de prendre ce recul. J’ai donc ma liste de filtres (pro et perso), ainsi que le choix de 3 mots clés qui me paraissent être très importants pour moi. Une fois équipé des ces filtres, il est plus facile de trancher et décider. Voulez-vous vraiment vous lancer dans ce projet auquel vous avez pensé ce matin sous la douche ? Vaut-il le temps qu’il pourrait vous prendre ? Passez le à travers vos filtres et voyez si un filtre l’arrête. Mettez le en regard de vos 3 mots clés. Ce projet va-t-il nourrir vos buts ? J’ai par exemple choisi pour l’instant les filtres pro suivants :
- plaisir (créativité)
- respect de mon équilibre pro/perso (est-ce une source de stress potentielle ?)
- charge temporelle et faisabilité
- humainement enrichissant
- me tire vers le haut
Et j’ai choisi les 3 mots clés suivants : Ouverture, Juste, Paix intérieure. Si par exemple je dois décider si une nouvelle mission m’intéresse, je vais l’évaluer par rapport à ces critères. Si un collègue ou un ami me propose un projet, une collaboration, je pense que ces critères peuvent aussi s’appliquer.
J’ai aussi l’impression que d’avoir cette démarche force à prendre le temps de la réflexion, et d’être moins dans la réaction instinctive, ou parfois l’envie de faire plaisir à quelqu’un. On fait un choix mieux réfléchi.
Pour les choix d’apprentissages, de projet de veille technologique par exemple, je garderais une pratique non mentionnée dans le livre et que j’avais découverte grâce à JB Rainsberger (dans sa conférence The well balanced developer).
Utiliser la Théorie des contraintes pour choisir le projet le plus important à prioriser.
Pour m’aider dans cette démarche, j’alimente régulièrement une liste (dans Notion).
J’y mets les points d’amélioration que j’observe au quotidien, mais aussi les livres que l’on me conseille ou sur lesquels je tombe au hasard d’un site.
Puis le moment venu de choisir, je regarde cette liste et je regarde le point le plus bloquant pour moi.
Celui qui me ferait le plus progresser dans mon contexte actuel.
J’ai par exemple dans ma liste l’envie de maitriser les regex, progresser en React, apprendre neovim, plein de livres sur des problématiques diverses (conception, travail équipe, etc).
Mais j’ai aussi des questions récurrentes sur la conception d’API.
Et travailler dessus me permettrait d’avancer dans mon quotidien, de pratiquer tout de suite ce que je pourrais apprendre.
Je vais donc prioriser cet apprentissage par rapport à d’autres car j’estime que c’est ce qui me permettrait le plus gros gain de compétences utiles.
Bien entendu la notion de plaisir doit être très liée au choix, surtout si cela me demande un effort sur mon temps personnel.
C’est la première condition pour me motiver (et d’ailleurs mon premier filtre).
Et la motivation est importante pour aller au bout d’un projet.
Et terminer un projet est aussi très important.
Selon Scott Young, le risque à ne pas terminer ses projets est d’être plus occupé qu’accompli.
Visualisation
Une idée que j’ai aussi appréciée est d’utiliser le temps obligatoire où on a le cerveau disponible pour faire de la visualisation plutôt que de l’utiliser à des choses inutiles. Par exemple dans une file d’attente au supermarché on va avoir la tentation de prendre son téléphone et de regarder les réseaux sociaux, se ballader de sites en sites sans but. Ici, on est dans du temps souvent perdu. Mais on peut profiter de ce temps différement. L’auteur nous propose plutôt de réfléchir à un projet (perso, pro), visualiser des solutions, ou des nouvelles pistes. C’est du temps mieux utilisé. Personnellement j’ajouterais aussi la possiblité de faire de ces temps des moments de pleine conscience, pleine présence à l’instant.
Concentration
Sur la concentration, j’ai découvert une astuce intéressante : les réunions, surtout en remote, sont souvent compliquées pour moi. Je me déconcentre facilement, car je me mets à faire autre chose, penser à autre chose dès qu’il y a un moment un peu moins important. Il se pourrait que cette tendance soit accentuée par le fait que la partie du cerveau qui gère le mouvement se retrouve inoccupée et cherche à s’occuper. Du coup la solution simple est de prendre des notes et de griffonner. C’est limite évident. Et efficace. Désormais je démarre mes réunions avec une feuille ou mon cahier à mes côtés. Et je suis bien mieux concentré.
Il conseille aussi pour les tâches de concentration solo d’empêcher les distractions sonores (notre cerveau là aussi va chercher à tout capter et pourrait nous distraire). Une solution, qui m’a surprise au début, est d’écouter de la musique, des sons. Pendant longtemps j’ai cru que je ne pouvais pas travailler avec de la musique. J’avais lu des choses allant dans ce sens. Mais en fait tout dépend de ce que je mets comme musique. Maintenant je m’accompagne souvent de musique ou de sons pendant mes pomodori, surtout s’il y a du bruit autour de moi. A noter cependant que l’auteur n’amène pas de nuance dans son propos, alors que des études montrent que l’effet de la musique n’est pas le même sur tout le monde (il peut être négatif pour certain.e.s), et que cela dépend de la musique (voir cet article par exemple).
Gestion de projet
Autre sujet, la gestion de projet. Différentes propositions sont faites. Des classiques : se mettre une deadline, découper en petites tâches. Mais aussi une notion intéressante : être la locomotive de ses projets et le wagon des projets des autres. Autrement dit, pour nos projets nous devons être les moteurs, les mener, ne pas attendre des autres qu’ils nous poussent. Inversement, ne pas investir de l’énergie dans le projet des autres si elles ne sont pas les locomotives de leur projet (et si on estime qu’elles n’ont pas les compétences pour les mener à bien).
Si vous voulez lancer un nouveau projet, demandez vous si vous voulez réellement en être la locomotive. Passez le dans vos filtres. Et si la réponse est négative, ne vous lancez pas. Il pourrait devenir une charge, surtout si vous vous engagez auprès d’autres personnes.
Pour gérer les réunions de ses projets il conseille :
- de définir en amont : les thèmes à aborder, les objectifs, la durée (la plus courte possible), les personnes indispensables (ni plus, ni moins). Si on dépasse les 12 participants, se demander si 2 créneaux plus courts ne seraient pas plus adaptés.
- d’avoir toujours un timekeeper (rôle tournant). Cette personne sera autorisée à interrompre si on s’éloigne du but de la réunion, ou si ce qui est échangé n’apporte plus rien de nouveau. Elle pourra faire un petit topo et relancer la réunion pour bien la cadrer. Et faire un rappel de l’approche de la fin de la réunion quand 90% du temps est écoulé.
- de définir un rôle de scribe (rôle tournant aussi). Cette personne est chargée de prendre des notes et de faire le compte rendu de la réunion (CR qui peut être partagé à plus de personnes que celles présentes). On y trouvera : les problèmes, les solutions, les décisions, les pistes écartées, les tâches (et qui les traite), la prochaine échéance.
Et pour finir je vous partage un dernier point que je commence tout juste à expérimenter : couper toutes les notifications. Plus de notification de google chat, de slack, d’emails. Plus de coup de téléphone (mode “ne pas déranger”). Je décide de prendre un temps choisi pour consulter les messages et de ne pas être coupé dans ma concentration par ces sollicitations qui bien souvent rentre dans la case “non urgente” de la matrice d’Eisenhower.
The end
En conclusion un livre plutôt simple et rapide à lire, qui a interrogé mes pratiques, m’a apporté pas mal d’idées et de réflexions. Si de nombreux points pourraient mériter plus de développement (je pense notamment à une section sur “savoir dire non” qui mériterait un livre entier, et qui n’est accompagnée d’aucune référence), cette première approche est suffisante pour une mise en pratique rapide. Il faut garder en tête tout au long du livre que c’est un partage d’une expérience personnelle de la part d’une personne ayant poussé le sujet assez loin. Pas une étude scientifique.
J’espère ne pas vous avoir fait perdre votre temps, et je vous dis à la prochaine 🙂